Crises sanitaires et environnementales

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Le CNRS et l’Inserm ont créé, courant mars 2020, une Coordination HS3P-CriSE Crises sanitaires et environnementales – Humanités, sciences sociales, santé publique, en lien avec les principaux acteurs dans ce domaine, en particulier la Conférence des Présidents d’Université (CPU), l’Institut national d’études démographiques (Ined), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’EHESP (École des hautes études en santé publique), sous l’égide des Alliances Athéna, Aviesan et Allenvi, et en coordination avec le Réseau national des MSH, ainsi qu’avec les TGIR SHS, en particulier Progedo, et avec l’initiative du World Pandemic Research Network créée par le réseau des Instituts d’études avancés.

Présentation de la Coordination HS3P-CriSE 

Le CNRS et l’Inserm ont créé courant mars 2020 une Coordination HS3P-CriSE Crises sanitaires et environnementales – Humanités, sciences sociales, santé publique, sous l’égide des Alliances Athéna, Aviesan et Allenvi.

La coordination s’est fondée sur le constat suivant : la santé humaine est primordiale pour les individus comme pour les collectivités. Aujourd’hui, et à la différence d’autres pandémies survenues au XXe siècle et au début du XXIe siècle, l’épidémie de la Covid19 suscite chez les gouvernants et les sociétés une ample réflexion sur leur capacité à répondre aux problèmes médicaux, politiques, juridiques, éthiques, économiques, culturels et sociaux qu’elle pose. Certains modes de production et de consommation, déjà aux prises avec d’autres défis, en particulier celui du changement climatique et plus largement des problématiques environnementales, commencent à être interrogés, tout comme les formes du vivre ensemble. Ces questionnements se posent à toutes les échelles, dans les régions et les territoires, dans une perspective nationale aussi bien qu’internationale.

Cette situation suscite un intérêt scientifique très vif des chercheurs et des chercheuses des domaines des humanités, des sciences sociales et de la santé publique. Plusieurs appels à projets échus, en cours ou à venir, soutiennent cet intérêt. Ils sont proposés par des agences de financement de la recherche au niveau national — ANR (Flash covid 19, RA- Covid-19, Résilience Coivd-19) — ou au niveau européen (H2020) ; par des régions ; des universités ; par des fondations ; des organismes publics ou des ministères. Les interventions se sont multipliées dans l’espace public ; des séminaires virtuels et des colloques sont proposés ; des appels à contribution circulent sur les réseaux et dans les communautés scientifiques ; des ouvrages et numéros spéciaux de revue sont publiés.

Dans ce contexte, le CNRS et l’Inserm se sont rapprochés pour faire émerger des initiatives structurantes dans le domaine en SHS et en santé publique autour de la recherche sur la Covid19 et, plus généralement, sur les maladies infectieuses et les grandes crises sanitaires et environnementales. La coordination « HS3P-CriSE – Crises sanitaires et environnementales – Humanités, sciences sociales, santé publique » travaille sous l’égide des alliances Athéna, Aviesan et Allenvi, et en lien avec les représentants des principaux acteurs dans ce domaine, en particulier la Conférence des Présidents d’Université (CPU), l’Institut national d’études démographiques (Ined), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l’EHESP (École des hautes études en santé publique). Elle agit en coordination avec le Réseau national des MSH, ainsi qu’avec les TGIR SHS, en particulier Progedo, et avec l’initiative du World Pandemic Research Network créée par le réseau des Instituts d’études avancés.

Le CNRS et l’Inserm ont désigné chacun un coordinateur, co-responsable de la Coordination : Marie Gaille, directrice adjointe scientifique à l’InSHS, CNRS, philosophe, directrice de recherche au CNRS ; Rémy Slama, directeur de l’IT Santé publique, Inserm, épidémiologiste environnemental, directeur de recherche à l’Inserm.

Actions engagées

Une première action a consisté à identifier les enquêtes et les projets déjà engagés, financés ou pas, dès le printemps 2020, non seulement en France, mais aussi à l’international.

Afin d’éviter les redondances et d’encourager l’articulation entre les diverses compétences de recherche, d’informer la communauté de recherche sur les appels à projets, les enquêtes et projets engagés, la coordination a rapidement mis en place une page internet sur le site de l’InSHS (CNRS), puis le présent site. Les rubriques « Ressources », « Enquêtes » et « Appel à projet » de ce site présentent ainsi les outils de recherche (bibliographiques, collaboratifs, etc.) dont chacun(e) peut s’emparer, et les données et informations rendues disponibles par des équipes en France ou à l’international.

Une première analyse des projets financés en SHS — 17 par l’appel ANR Flash Covid, 4 par l’appel à projet Reacting — a été proposé par M. Ruggiu, directeur de l’InSHS, au printemps 2020. Depuis, des financements complémentaires ont été proposés pour certains des projets placés en liste d’attente de l’appel Flash Covid, tandis que l’ANR et certaines universités ont prolongé ou lancé de nouveaux appels à projet, permettant le développement de recherche au niveau régional, national, international. En février 2021, c’est 40 projets en sciences humaines et sociales qui ont été financés à ce jour par l’ANR. Ce site présente également les appels à projet portés à la connaissance de la Coordination sur les crises sanitaires et environnementales et leurs résultats.

Un rapport de recherche, Les sciences humaines et sociales face à la première vague de la pandémie et à sa gestion – enjeux et formes de la recherche – mis en ligne le 20 novembre 2020, réunit la contribution de plus de 70 collègues de différentes disciplines. Son ambition est de proposer une analyse mobilisant les SHS dans leur ensemble, de proposer un positionnement des SHS, fondée sur leur complémentarité et le capital scientifique qu’elles ont élaboré sur les crises sanitaires et environnementales depuis un quart de siècle, de sorte que le rapport, rédigé de mars à novembre 2020, ait une portée au-delà du moment présent, et de traiter la dimension mondiale de la pandémie. Il est disponible sur HAL-SHS (https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-03036192) et ouvert à la discussion ici.

L’action du comité est prévue à long terme ; elle est collaborative et pluridisciplinaire ; elle concerne les recherches menées en France et aussi à l’échelle mondiale avec un intérêt particulier pour les Suds. Dans cette perspective de long terme, en soutien et sous la responsabilité des deux coordinateurs, un groupe de réflexion a été mis en place constitué d’une dizaine de personnes pertinentes pour leurs compétences scientifiques. Son rôle, en complémentarité avec les initiatives et projets déjà lancés, est de contribuer à l’élaboration d’éléments de réflexion susceptibles de nourrir des actions de programmation scientifique.

Cette action, au printemps 2020, s’est appuyé sur la réflexion collective d’un groupe constitué de : Nathalie Bajos, sociologue, directrice de recherche à l’INSERM ; Thierry Caquet, directeur scientifique Environnement, INRAE ; Flore Gubert, directrice du Département Sociétés (Sociétés et mondialisation), économiste, directrice de recherche à l’IRD ; Stéphanie Hennette-Vauchez, juriste, professeure de droit public à l’Université Paris Ouest Nanterre ; Myriam Khlat, démographe, directrice de recherche à l’INED ; Stéphane Luchini, économiste, chargé de recherche au CNRS ; Laurence Meyer, épidémiologiste, professeure de santé publique, Université Paris Saclay ; Anne Rasmussen, historienne, directrice d’études à l’EHESS.

Ce groupe s’est à ce jour réuni à 2 reprises et a identifié deux orientations de recherche.


La décision publique en période de crise :
dynamiques, remodelage, enjeux éthiques et politiques

Il s’agirait d’aborder la requalification (éventuelle) des différents acteurs de la décision publique (au sens large) dans une crise telle que celle du Covid19 en France et dans d’autres pays : au-delà d’une accélération évidente de la décision, n’y a-t-il pas aussi un repositionnement/une requalification des différents acteurs (l’exécutif et ses différents niveaux ; quelles places pour les collectivités territoriales ? pour l’UE ? pour l’OMS ? ; le législatif, le juridique, le scientifique, les média…) ; quelles places également pour la discussion démocratique, les mouvements et mobilisations citoyens, les associations et les « corps intermédiaires » ? Quelles relations ? Y a-t-il eu des rouages hypertrophiés, d’autres ignorés ?.

La question des principes de la décision publique, en particulier dans un contexte de grande incertitude, pourrait être abordée (prévention, principe de précaution…), ainsi que les tensions qui peuvent naître de la confrontation entre des principes et/ou des droits, qui font tous consensus en général mais peuvent se révéler mutuellement difficiles à concilier dans la situation présente (libertés publiques, principe de précaution, droit à la santé et devoirs pour la santé de tous, libertés fondamentales et droits de l’homme, etc.). Dans ce contexte, l’enjeu du recours à la science pour fonder la décision publique, et à quelles sciences, le lien entre action politique et preuve scientifique, la place laissée à l’expression des désaccords et des controverses, sont des objets d’étude essentiels. Un autre enjeu lié à l’analyse de la décision publique est la manière dont les décisions s’appliquent à une société elle-même caractérisée par des situations très différenciées et inégales. La mise en œuvre de cette décision à différentes échelles de la vie sociale, la manière dont elle tient compte ou pas de ces différences et de ces inégalités, de populations particulièrement vulnérables (selon différents paramètres, éventuellement combinés : âge, genre, statut juridique, niveau socio-économique, etc.) est à examiner. La question de la communication publique pourrait aussi être abordée, sans se restreindre à l’analyse des formes de communication qu’adopte les gouvernements et les instances de décision, mais en s’intéressant aussi à la manière dont les sociétés s’approprient l’information, contribuent à son élaboration et à sa circulation dans l’espace national et au-delà.

Disciplines concernées : notamment sociologie, science politique, droit, histoire (parallèle avec la grippe espagnole de 1918, exemple d’une épidémie majeure survenant en période de guerre mondiale, et d’autres épidémies des XXe et XXIe siècle, dont les autres épidémies liées à des coronavirus), philosophie (politique, éthique et épistémologie), démographie et épidémiologie (en tant qu’elles fournissent des éléments de connaissances statistiques sur la population), etc.

Recomposition(s) / Le monde de demain

Il s’agirait ensuite de proposer une analyse et une évaluation du lien établi à l’heure actuelle par de multiples voix entre la crise épidémique actuelle et la perspective d’une recomposition de nos formes de vie. Ce lien oriente notamment la réflexion vers la place à accorder à l’environnement dans nos choix collectifs et politiques (modes de production, de consommation et de façon très large, modes de vie), et ce, à des échelles multiples, des plus micro (aménagements locaux de nos milieux de vie et des formes de mobilité), au plus macro, à l’échelle nationale et à l’échelle transnationale. Cette dernière est notamment le cadre d’une réflexion sur la meilleure manière de se préparer à et de lutter contre des pandémies futures ou d’autres défis ayant une composante environnementale comme le changement climatique ou la perte de biodiversité. La perspective d’une recomposition de nos formes de vie concerne aussi l’organisation de la vie économique, la fiscalité, les outils de gestion budgétaire, mais aussi les coûts collatéraux de la pandémie sur l’organisation du travail, le chômage, les dettes et des mécanismes de solidarité nationaux, européens, internationaux. Le « monde de demain », en lien avec la transition démographique, requiert une attention particulière au système de soin et aux services de santé, son organisation en temps d’urgence et sa capacité à s’adapter rapidement en temps de crise, l’articulation entre l’ambulatoire et l’hospitalier, son financement, sur la place occupée par la prévention ; aux politiques de santé, à l’articulation entre droit à la santé et devoirs de santé (notamment au regard des risques de transmission collective), aux droits des patients et à la figure du « porteur sain », au regard des risques qu’il fait courir au collectif, etc. ; à la gestion et à l’éthique des deuils, lorsque les deuils privés deviennent objets de politiques publiques. Enfin, le système de protection sociale est également questionné dans la perspective du monde de demain, la crise épidémique ayant rendu plus manifeste encore que cela ne l’était déjà le poids des inégalités de tous ordres dans l’accès aux soins, le recours aux soins et plus généralement la capacité à réagir et à se protéger en temps de crise.

Disciplines concernées : anthropologie, droit, économie et notamment économie de la santé, toutes les disciplines de la santé publique, philosophie politique et éthique, science politique, sociologie, etc.

Diffusion des résultats et science ouverte

La coordination s’inscrit dans la demande formulée le 30 mars 2020 par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation « d’ouverture complète des publications et des données scientifiques issues de la recherche française sur le Covid-19 ».

En savoir plus : https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid150779/le-gouvernement-demande-l-ouverture-complete-des-publications-et-donnees-scientifiques-issues-de-la-recherche-francaise-sur-le-covid-19.html

Contact :  inshs.hs3p-crise@cnrs.fr