Crises sanitaires et environnementales

Crises sanitaires et environnementales

[Enquête MAMA]

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Du Monde d’Avant au Monde d’Après (2021-2023)

Une enquête multidimensionnelle des ajustements, des dynamiques et des réorganisations provoquées par la pandémie de Covid19

Présentation

Grâce à une dotation exceptionnelle du MESRI, l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS propose de déployer une enquête multidimensionnelle sur les ajustements, les dynamiques et les réorganisations provoquées par la pandémie de Covid19, intitulée Du Monde d’Avant au Monde d’Après (2021-2023) – MAMA.

Cette enquête sera longitudinale ; elle articulera les échelles collectives et individuelles. Ce projet s’inscrit dans la lignée des grandes enquêtes démographiques, d’opinion politique ou de santé menées régulièrement en France et en Europe. S’appuyant sur la pluridisciplinarité du CNRS, il mettra aussi en œuvre d’autres formes d’enquêtes, empruntant notamment à la littérature, à la philosophie, ou à l’étude des arts pour rendre compte des discours, des théories, des imaginaires et des idées, des pratiques artistiques associés à la pandémie et à ses conséquences sur le temps long.

Le projet est ainsi l’occasion pour les sciences humaines et sociales de se rassembler pour proposer une description multidimensionnelle de la crise que nous traversons et de ses conséquences sur les Français. Une dimension d’aide à la prise de décisions et d’évaluation des politiques publiques ainsi qu’une action de retour vers le monde social et la communauté scientifique sont intégrées dans le dessin initial de l’enquête.

Cette enquête prend place sans exclusive au cœur de l’écosystème de recherche du Campus Condorcet.

Le projet de cette enquête a été formulé à l’été 2020, à un moment où il semblait possible d’affirmer qu’en France, un premier temps de la pandémie de Covid19 était passé. Ce temps a été désigné comme un temps d’urgence, de crise ou encore d’exception, et il est perçu comme pouvant se reproduire. Les premiers mois de la pandémie, les chercheurs et les chercheuses en sciences humaines et sociales se sont mobilisés d’abord en déposant des projets de recherche auprès de Reacting, de l’ANR et de certains partenaires académiques. Au sein des laboratoires, et partout en France, ont également été lancées de nombreuses enquêtes « à chaud », en particulier sur l’expérience du confinement dans la vie domestique et la vie professionnelle. La Coordination HS3P-CriSE « Crises sanitaires et environnementales – Humanités, sciences sociales, santé publique », lancée par l’Inserm et le CNRS, sous l’égide des Alliances Athéna, AllEnvi et Aviesan, a favorisé la circulation de l’information, l’orientation des projets et la constitution de consortia pour entrer dans des actions d’envergure.

Ces différentes actions se sont, cependant, le plus souvent emparées de thématiques sur lesquelles les chercheurs, spécialistes des crises sanitaires, s’étaient déjà positionnés de longue date et disposaient d’une expertise, parfois acquise à travers l’étude d’un autre sujet, et pertinente pour analyser des thématiques clés de cette crise : attitudes, perception et expérience sociale de la crise et de ses conséquences (confinement, isolement, etc.), inégalités sociales et solidarités, rôle des acteurs institutionnels, etc., essentiellement en contexte français.

Or, comme l’a montré l’étude des épidémies passées, les changements qu’elles induisent, ou pas, dans les modes de vie, les politiques sanitaires, l’organisation économique, etc. s’inscrivent dans deux temporalités au moins. La première est celle de l’urgence, qui, dans le cas présent, a notamment conduit à des mesures de confinement, à la mise en place de l’état d’urgence sanitaire dans de nombreux pays, à la réflexion en cours sur des mesures de traçage, en l’absence d’autres moyens de lutter contre le Covid19, et notamment d’un vaccin. La seconde est celle du temps long, certes marqué par la possibilité d’une deuxième vague, mais dénué du caractère d’urgence qui caractérise la première temporalité, temps long qui seul permet de mesurer les conséquences à long terme de la crise.

Dans le cadre de l’entrée dans ce second temps de la crise, une vaste enquête documentant les ajustements à la crise des individus, des familles, des groupes sociaux, des institutions et des acteurs privés a donc toute sa place. Elle doit permettre d’identifier et d’analyser les dynamiques sociales, démographiques, politiques, économiques et culturelles qui se produisent suite à l’épidémie, d’étudier leur rythme, leurs contenus, les tensions et les conflits qu’elles sont susceptibles de générer. À terme, une telle étude pourra mettre en perspective ces dynamiques avec celles analysées au sujet d’épisodes antérieurs d’épidémie dans l’histoire de l’humanité. Elle recueillera les matériaux pour avérer ou nuancer l’affirmation selon laquelle l’épidémie de Covid19, porteuse de transformations systémiques qui impliquent la société, la santé et l’environnement, est un « fait social total ».

Cette enquête devra s’articuler avec les nombreuses démarches de recherche en cours, et prolonger leurs résultats, en s’inscrivant dans une autre temporalité, et en se positionnant sur des thématiques plus englobantes, que les enquêtes déjà lancées. Elle pourra adopter une dimension comparative et internationale. Elle suivra pour la diffusion de ses résultats les recommandations du MESRI relayées par l’InSHS depuis le début de l’action de recherche auprès de ses communautés. L’ouverture par défaut des données sera demandée aux porteurs de projets, chaque fois qu’elle est possible et, pour les données nécessitant d’être protégées, des modalités de partage sécurisé seront mises en œuvre. Enfin, au-delà de l’utilisation des données de l’enquête pour l’avancée des connaissances, un des objectifs majeurs de MAMA sera de développer des outils pour l’aide à la décision publique et de donner à la société civile des outils de compréhension de la pandémie.

MAMA se structure de la manière suivante :

Enquête 1 :
évaluation des politiques publiques (économie ; science politique ; éducation) et de leurs perceptions (analyse de discours ; analyse conceptuelle et normative ; histoire)
– Éducation ;
– Culture ;
– Politiques de santé et de protection sociale.

Enquête 2 : rapport au risque et à l’incertitude
– La science au travail (incluant un volet information et désinformation) ;
– Aménagements urbains, stratégies résidentielles territoires, mobilités ;
– Rapport aux enjeux de santé environnementale (maladies infectieuses, changement climatique, etc.) ;

Elle mobilise notamment six unités de recherche :

  • Centre d’histoire sociale des mondes contemporains, CNRS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, direction : Emmanuel Bellanger
  • Géographie-cités, CNRS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / EHESS / Université de Paris, direction : Eric Denis
  • Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux Sciences sociales, Politique, Santé (IRIS), CNRS / EHESS / Université Sorbonne Paris Nord / Inserm, direction : Arnaud Esquerre
  • Laboratoire dynamiques sociales et recomposition des espaces, CNRS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Université Paris Nanterre / Université de Paris / Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, direction : Thomas Lamarche
  • Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’Education de l’enfant, CNRS / Université de Paris, direction : Grégoire Borst
  • République des savoirs, CNRS / ENS Paris / Collège de France, direction : Sophie Roux

L’enquête MAMA est coordonnée par un comité de pilotage scientifique et un comité de pilotage institutionnel. Le CNRS la met en œuvre les actions en mobilisant :

– Une coordination scientifique : Emmanuel Henry pour l’InSHS
– Un secrétariat : Nicolas Claudon, InSHS
– Le Pôle communication : Armelle Leclerc, InSHS
– La délégation DR5 dirigée par C. Larroche